dimanche 21 septembre 2014

DUCHAMP, les doigts dans la peinture.

Duchamp en forme de ready-made (Blusson)

Marcel Duchamp. La peinture, même
Centre Georges Pompidou
24 septembre 2014 - 5 janvier 2015

Revisitant «, Duchamp en forme de ready-made », texte de « théorie-fantaisie » ou de « théorie-fiction » publié naguère aux Editions Blusson (2000), nous lui avons adjoint – en hommage à l’exposition présentée par le Centre Georges Pompidou — un bandeau coloré.

Duchamp, notre TRÈS CONCEPTUEL Duchamp, pourfendeur de la peinture rétinienne et adepte de l’œuvre d’art comme « cosa mentale », s’y retrouve les doigts dans la peinture…

S’agit-il là, comme semblerait l’indiquer le titre même de l’exposition du Centre Pompidou, d’une forme de sarcasme, d’analyse à rebours ou de trahison même du parcours de notre amateur d’échecs et inventeur du ready-made ?

L’art est-il affaire de sensualité ou de conceptualité ? Peut-on imaginer Duchamp trempant ses doigts dans la matière, la couleur, le pigment ? N’a-t-il pas défendu le principe d’une conception nominale de la couleur, voulant celle-ci délibérément abstraite, attachée aux seuls mots qui la disent et l’incarnent ?

La couleur même de certains des tableaux de Marcel Duchamp est souvent elle-même de l’ordre du ready-made et de la couleur trouvée, empruntée : couleurs toutes faites de la Joconde (L.H.O.O.Q., 1919) ou de la bouteille de Bénédictine (Couverture de VieW, 1945). Les coloris sourds du Nu descendant un escalier (1912), celles encore du Jeune Homme triste dans un train (1911), semblent provenir en droite ligne de ces toiles cubistes, de ces Braque et ces Picasso qui déclinent de semblables tonalités chromatiques.

D'autant qu'aujourd'hui il s’agit des couleurs non point tant de l’art, entendu au sens d’activité créatrice, que de celles de l’histoire de l’art. On est, pour le reste, bel et bien dans le champ de l’imagerie, de l’affiche ou affichette, de la réclame ou de ces livres d’images et chromos fin de siècle que Duchamp appréciait dans son enfance et son adolescence.

La couleur, le pigment, la matière sont cependant bien là – en arrière-plan, support et substrat, CONTREPOINT de ces jeux conceptuels où notre Marchand de sel (de sucre, de verre et de minium…) entraîna un XXe siècle résolument moderniste.

Quant au Grand Verre – ou Mariée mise à nu par ses célibataires même… — il se joue (tel un Grand Transparent) des opacités et troubles picturaux inclus dans sa surface.

Duchamp en forme de ready-made

Exposition au Centre Georges Pompidou

VieW, Magazine, 1945
Couverture de Marcel Duchamp

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